Ma posture de thérapeute
« Voyageur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant » - Antonio MACHADO
La formation de thérapeute n’apprend pas seulement à devenir un guide pour les autres, elle apprend aussi et surtout à cheminer au plus profond de nous-même pour bien nous connaître et découvrir quel thérapeute nous deviendrons ; un véritable parcours initiatique au cœur de soi-même pour pouvoir, par la suite, accueillir les histoires de vie de nos patients.
En tant que thérapeute, mais aussi et surtout en tant que personne, je pourrais faire comme tout le monde et vous parler de bienveillance, d’écoute, de respect, de sérieux, d’ouverture d’esprit, de douceur… qui sont, à mon sens, les valeurs que tout thérapeute devrait posséder. Mais si je me contentais de ce que vous pouvez lire partout, je ne vous apprendrais finalement pas grand-chose que vous ne sachiez déjà.
Ma vision de l’accompagnement thérapeutique
Pour vous parler de ma posture de thérapeute et de la femme que je suis, je préfère utiliser la métaphore de l’escalade.
Imaginez que vous partiez faire une randonnée en haute montagne et que vous sollicitiez l’aide d’un guide. Qu’attendriez-vous de lui ?
Je vous partage ma perception de ce métier :
Comment accompagner une famille, un couple, pour les guider si ne je ressens pas moi-même les aspérités de la roche ?
Si je ne perçois pas l'environnement dans lequel nous sommes ?
Si je n'expérimente pas les difficultés du relief ?
Si je n'ai pas un jour les genoux abîmés ?
Si je n'ai pas connu la chute, la peur du vide, le vertige, le retour en arrière, l'échec, le désespoir, la perte de repères…
Mais aussi l'espoir, la vision d'une nouvelle perspective, d'une progression, la réussite d'une ascension, la confiance et la fierté d'avoir réussi ?
Comment pouvoir un jour accompagner et assurer si l'on n'a pas soi-même expérimenté l'escalade ?
Certains diront peut-être qu'un bon médecin n'a pas besoin d'avoir subi une maladie pour guérir son patient.
Peut-être… mais il ne s'agit pour ma part ni de sauver, ni de guérir, mais d'accompagner, d'être avec, ici et maintenant, non pas dans un geste technique comme celui du médecin mais dans une posture relationnelle authentique : être moi avec ce que je suis et ce que je continue à être, à devenir au fur et à mesure des rencontres avec mes patients.
Je suis une personne qui aime profondément l'humain et qui croit en lui, je crois à la force de la relation humaine et aux vertus thérapeutiques du parler, du dire, même et surtout lorsque c’est difficile, douloureux de parler, d’entendre, de raconter, de ressentir, et de modifier ses attitudes, ses perceptions, sa façon d’être en relation…
La temporalité de l’accompagnement thérapeutique est différente pour chacun et ce sont mes patients qui me guident sur le rythme de leurs pas, quand ils sont prêts les uns les autres, les uns face aux autres.
Et c’est pour moi fondamentale de respecter la temporalité de chacun. Etre confortable et se sentir en sécurité durant une séance est le cadre que je souhaite maintenir à chaque rencontre. Je suis une thérapeute qui s'investit pleinement à chaque séance, par envie, envie d'être là ici et maintenant avec la famille, avec le couple, et avec celles et ceux qui ont eu le courage de venir au cabinet ; parce qu’il faut du courage pour se raconter et par respect pour cette démarche, je ne peux que vivre avec eux pleinement leur thérapie.