Accompagnement au deuil : prendre soin des absents pour pouvoir se reconstruire autrement
« La résilience, c’est l’art de naviguer dans les torrents » - Boris CYRULNIK
Lorsque la mort nous sépare d'un être cher, d'un membre de notre famille, d'un parent, d'un tout petit ou d'un enfant plus grand, d'un frère, d'une sœur ou d'un ami, d'un collègue, en un mot de toute personne qui a fait partie de notre vie, qui l'a jalonnée, qui a partagé notre intimité, nos joies et nos peines, nos grands moments de bonheur et nos drames, de celles et ceux qui nous ont construit, et qui nous ont fait grandir aussi, et bien ce moment de la rupture de liens physiques est vécu comme un déchirement, un cataclysme qui parfois, semble avoir tout pris, avoir tout détruit sur son passage, ne laissant qu’un vide immense dont on ne sait que faire.
Deuil et accompagnement : plus jamais comme avant, mais comme après
Dans ma pratique de thérapeute, le deuil n'est pas une acceptation de la mort. La mort de la personne aimée restera sans doute à tout jamais inacceptable.
Comment accepter de perdre, quel que soit son âge, quel que soit la durée de sa vie sur terre, cette personne qu'on a tellement investie, qui est à l'origine de tant de souvenirs, qui est peut-être aussi la projection de tant d'espoirs de vie.
Le deuil n’est pas non plus l’oubli de la personne disparue, comme si le temps pouvait effacer sa vie, la substituer à une autre, détourner nos souvenirs ou les étouffer à tout jamais.
Le deuil ce n’est pas non plus un non-dit, un tabou, un secret enfoui en soi parce que ça dérange de parler de la mort, parce que ça dérange de voir quelqu’un pleurer et parce que ça rend triste.
Le deuil, c’est continuer à prendre soin de nous pour pouvoir prendre soin d’eux.
Le deuil, c’est être à l’écoute de qui nous sommes vraiment parce que c’est vrai que le deuil ça transforme, ça fait bouger comme jamais auparavant nous avions bougé.
Le deuil, c’est se réinventer soi-même dans son quotidien, dans ses relations avec les autres et découvrir sur quel chemin nous serons le plus à même d’avancer, d’être nous-mêmes, d’honorer la mémoire de nos défunts et de recevoir toutes les leçons de vie qu’ils nous ont transmis de leur vivant et de leur mort aussi.


Accompagner le deuil : accueillir l’absence pour recréer le lien
C’est là tout le sens de mon accompagnement en tant que thérapeute de l’individu, du couple et de la famille :
- Croiser les histoires, les représentations, les sentiments et les émotions des uns et des autres, ensemble et séparément,
- Faire cohabiter l’immense gouffre de la tristesse, de la solitude, de la colère, du manque, tellement sournois qu’il nous saisit au moment où nous pensions justement l’avoir apprivoisé,
- OUI, faire cohabiter tout cela avec les souvenirs heureux, les sourires qui se dessinent sur un visage à l’évocation de la personne disparue, la connaissance intarissable de celle ou celui qui est parti, ainsi que l’héritage humain que cette personne nous a transmis.
L’absent est pour moi fondamentale avec l’idée de lui redonner une juste place.
Le travail de deuil consiste pour moi à recréer un lien intérieur sécurisant.
C’est bien légitime quand on perd un être cher de ressentir de la colère, de la tristesse et de la culpabilité.
Mon travail de thérapeute est de donner de l’information sur le processus de deuil, d’accueillir les émotions de mes patients et de leur permettre de faire cohabiter l’absence, le manque et l’immense chagrin avec des moments de joie, d’envies, de vie.